Dix ans. Dix ans déjà que la petite Hortense, quatre ans et demi, a disparu. Aux Rousses, le village où elle habitait avec ses deux parents, c’est l’heure de la dixième marche blanche donc, et celle aussi pour de nouveaux voisins de s’installer là en face, avec leurs deux enfants. Dont la fille ressemble, aux yeux de la narratrice, étrangement à son enfant disparu. Alors que l’enquête patine et s’enlise, il n’en faut pas plus pour que cette mère au bord du désespoir vienne embrasser la folie la plus sombre.
Et dès lors, comment revenir à soi ? Affronter l’impensable ? Espérer l’impossible résilience alors que s’abat l’incapacité absolue à se résoudre à l’absence de l’enfant ?
« Bienvenue » dans un vilain cauchemar tissé de main de maître par Claire Castillon qui publie ici son douzième roman à 44 ans. De souffrance, de douleur et d’amour, voici 170 pages tout juste pour dire toute l’horreur de mères orphelines d’enfant parti trop tôt, trop vite. Ce portrait d’une mère morte de ne pas s’avoir sa fille en vie, se drape dans une atmosphère, lourde, sombre, trouble à dessein. Dans ce récit à la première personne, on habite littéralement le cerveau en morceaux de cette mère en train de basculer irrémédiablement dans la paranoïa, la schizophrénie et la mythomanie les plus abouties. Cela tourne en boucle, revient dans le passé, refait vivre sa fille, leurs instants communs, la complicité, les absences répétés du père, les fantasmes d’apparition de sa fille dans celle de ses voisins ; Oui, vraiment bienvenue dans une lecture cauchemardesque et terriblement efficace, qui remue très fort le lecteur. Le portrait bouleversant d’une femme qui ne ressent plus rien d’autre que l’absence de sa fille.
Parce qu’il n’en faut pas moins, pour interroger toute l’intensité de l’amour filial, toute la violence, du lien maternel. Cet indescriptible amour fou d’une mère accordéon comme l’écrit l’auteure. Parce qu’il s’agit d’abord et avant tout d’une histoire d’amour, d’une mère pour sa fille, d’un couple face à l’inimaginable drame, d’un couple qui passe en mode survie : face au regard des autres habitants, à celui des collègues, l’incapacité à maintenir des relations sociales normales. Un couple aussi solidaire à deux que solitaire pour chacun dans la nécessité de supporter cette vie tronquée de toute tendresse. Au fond, l’impossibilité à continuer de vivre car l’idée même de vie vous devient totalement étrangère. Insupportable. L’idée illusoire d’un quelconque repos, d’un répit du moins, dans le manque et dans l’absence de l’être tant aimé. Un malheur qui se vit dans un intense sentiment de solitude maternelle et où e coupable n’est pas forcément celui qu’on croit.
A force de ressasser, vous devenez cette femme terminée, et vous finissez par ressembler à ce petit homme sec qui s’est dix ans auparavant enfui avec votre fille dans ses bras, battant des pieds, et perdant cette petite chaussure verte dans sa fuite…
Un thriller psychologique étouffant, si profondément humain pourtant, à ne pas rater si toutefois votre cœur est bien accroché …
Un immense merci à Agathe Ruga de m’avoir envoyé ce thriller psychologique très intense, et de m’avoir permis de découvrir une nouvelle auteure très talentueuse dont je suis curieux de découvrir les précédents romans.
Marche blanche de Claire Castillon, Gallimard, 2020
J’ai lu plusieurs titres de Claire Castillon. J’aime beaucoup sa manière de ne pas faire dans la dentelle, et de déranger. Elle a un grand talent. Ce texte a l’air d’un autre genre que ce qu’elle écrit habituellement mais un thriller avec sa plume ce doit effectivement être fort !
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Hello Antigone, ah voici une quasi spécialiste de Claire Castillon donc ! Alors ce n’est pas vraiment un thriller mais pas vraiment pas non plus 🙂 . C’est assez subtil comme distinction mais disons qu’elle donne la plus grosse part aux tourments de cette mère orpheline et qu’au fond le pourquoi du comment est secondaire même si présent. J’ai Ma Grande qui m’attend dans la PAL pour ma part.
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Avec le regard de Claire Castillon ce doit être très intéressant alors ! 😉 Spécialiste non pas vraiment mais j’ai lu Insecte et On n’empêche pas un petit coeur d’aimer par exemple… et c’est particulier (mais j’aime bien).
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Entre ton billet et celui de Lilia, j’en ai désormais bien envie ! Merci !
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Alors parfait, cela veut dire qu’on a bien travaillé avec Lilia 😉 ahahaha. Pour le moment pas vu passer un avis négatif sur ce court roman (mais dense !) , mais je comprends aussi qu’on puisse aussi se tenir éloigné d’une telle thématique.
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il a l’air très intense en effet!
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C’est le cas de le dire ! Bonne lecture à toi si tu te laisses tenter !
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Il est dans ma PAL depuis une semaine. J’ai hâte de le découvrir et tu m’en donnes encore pus envie.
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😉 Une lecture très prenante en tout cas ! J’espère que tu aimeras !
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Je n’ai jamais lu l’autrice mais un jour, je tenterai le coup. Ça semble très prenant.
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